dimanche 7 décembre 2008

Sans titre de noblesse

J'ai seulement découvert Raymond Devos récemment. En fait, je l'ai découvert peu après sa mort, par un espace perso, celui de Sylvilou, que j'adore. Je vous invite à le visiter: http://sylvilou.spaces.live.com/.
Je suis aussi présentement en train de lire «Matière à rire», recueil de ses monologues, dont certains sont absolument hilarants ! Raymond Devos m'étonne par la finesse de son esprit. Même si ce qu'il raconte n'a mais absolument AUCUN sens (il faut pas chercher, il n'y en a pas ! lol), il a une habileté à jouer avec les mots sans pareille.
«Sans titre de noblesse» est un roman «épique et picaresque». Je vous propose 2 extraits:
«La baronne, tout en tricotant, comme à son habitude:
-Entrez, Pauline!
-Excusez-moi, dit la nurse, de vous déranger, mais il est de mon devoir de vous prévenir que c'est la deuxième fois que le jeune baron subtilise la boîte d'allumettes.
-Mon Dieu! Qu'en fait-il ? Est-ce qu'il les craque ?
-Non, il les frotte !
-Sur quoi ?
-Sur du papier ! Et comme le bout de chaque allumette est de couleur différente, il doit les prendre pour des crayons de couleur...
-Ah bon ! Vous m'avez fait peur... Et alors ?
-Comme cela ne colore rien, il s'entête à tailler les bout d'allumettes avec un taille-crayon !
-Achetez-lui un taille allumettes ! répondit distraitement la baronne.
-Ne croyez-vous pas, madame, qu'il vaudrait mieux lui offrir des crayons de couleur ?
Pauline regarda la baronne. Elle avait l'air de parler sérieusement.
-Lorsque vous irez acheter des allumettes, achetez-lui une boîte de crayons de couleur !
-Bien madame ! De quelles couleurs ?
-Les mêmes que pour les allumettes ! Il n'y verra que du feu!
-Bien madame ! »
«Je signale respectueusement à monsieur le baron qu'il y a péril en la demeure...
-C'est-à-dire ?
-C'est-à-dire que monsieur le baron n'a plus de fonds !
-Comment ? Et le fond de caisse ?
-À sec, monsieur !
-Et les fonds de tiroirs ?
-Râclés, monsieur ! Restent les fonds de poches... Si monsieur veut bien me permettre de les visiter ?
-Faites, mon ami, faites!
Amédée s'empara du pantalon de son maître, le retourna, le secoua. Quelques malheureuses pièces tombèrent.
-Alors? Fructueux?
Amédée, mettant les pièces dans la main du baron:
-Décevant, monsieur !
-Vous avez fouillé partout ?
-Partout !
-Jusqu'au fin fond ?
-Jusqu'aux tréfonds, monsieur!
-Ah !
Le baron sembla réfléchir.
-Amédée, voulez-vous le fond de ma pensée ?»

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