lundi 11 janvier 2010

Le grand cahier

«Dans la Grande Ville qu’occupent les Armées étrangères, la disette menace. Une mère conduit donc ses enfants à la campagne, chez leur grand-mère. Analphabète, avare, méchante et même meurtrière, celle-ci mène la vie dure aux jumeaux. Loin de se laisser abattre, ceux-ci apprennent seuls les lois de la vie, de l’écriture et de la cruauté. Abandonnés à eux-mêmes, dénués du moindre sens moral, ils s’appliquent à dresser, chaque jour, dans un grand cahier, le bilan de leurs progrès et la liste de leurs forfaits.
Le Grand Cahier nous livre une fable incisive sur les malheurs de la guerre et du totalitarisme, mais aussi un véritable roman d’apprentissage dominé par l’humour noir.»
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Le Grand Cahier est un livre dérangeant, horrible, original, unique et sans commune mesure avec aucun livre que j'ai lu jusqu'à présent. Pourtant, il est aussi comme une véritable drogue. Je n'arrivais plus à arrêter de lire, même si je savais qu'à chaque page je risquerais d'être dégoûtée. Il y a certains détails que je n'aurais pas voulu savoir, des bouts de l'histoire que j'aurais préféré ne pas lire. Pourtant, dès que j'en ai terminé la lecture, je me suis précipitée à la bibliothèque pour emprunter les tomes suivants... Allez donc savoir pourquoi. Je suis troublée. Mais je veux à tout prix lire la suite.
Les chapitres sont très courts, et écrits à la première personne du pluriel. Il s'agit en fait du grand cahier dans lequel les jumeaux racontent leurs méfaits. Ceux-ci, pourtant très jeunes, écrivent de façon très objective. Ils n'écrivent que des observations, sans jamais y apporter le moindre jugement. Je crois que c'est ce qui rend le roman si troublant. On a l'impression que les enfants que sont ces jumeaux sont froids, cruels, et qu'ils n'éprouvent aucun sentiment. Il doit y avoir un côté sombre de moi-même que je ne connais pas pour vouloir continuer à lire de telles horreurs... Je suis sans mots.
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Voici un extrait qui vous donne un aperçu des règles d'écriture objectives des jumeaux:
Pour décider si c'est «Bien» ou «Pas bien», nous avons une règle très simple: la composition doit être vraie. Nous devons décrire ce qui est, ce que nous voyons, ce que nous entendons, ce que nous faisons.
Par exemple, il est interdit d'écrire: «Grand-Mère ressemble à une sorcière»; mais il est permis d'écrire: «Les gens appellent Grand-Mère la Sorcière.»
Il est interdit d'écrire: «La Petite Ville est belle», car la Petite Ville peut être belle pour nous et laide pour quelqu'un d'autre.
De même, si nous écrivons: «L'ordonnance est gentil», cela n'est pas une vérité, parce que l'ordonnance est peut-être capable de méchancetés que nous ignorons. Nous écrirons simplement «L'ordonnance nous donne des couvertures».
Nous écrivons: «Nous mangeons beaucoup de noix», et non pas: «Nous aimons les noix», car le mot «aimer» n'est pas un mot sûr, il manque de précision et d'objectivité. «Aimer les noix» et «aimer notre Mère», cela ne peut pas vouloir dire la même chose. La première formule désigne un goût agréable dans la bouche, et la deuxième un sentiment.
Les mots qui définissent les sentiments sont très vagues; il vaut mieux éviter leur emploi et s'en tenir à la description des objets, des êtres humains et de soi-même, c'est-à-dire la description fidèle des faits.
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Les livres de la trilogie / The trilogy's books:
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Lu dans le cadre de 

1 commentaire:

M. Littér'auteurs a dit…

Hello Isabelle !

Je t'ai taguée sur mon blog ! J'ai hâte de connaître tes bonnes résolutions de 2010 !