lundi 8 février 2010

Une histoire de tout, ou presque...


Posez une question, Bryson y répond dans ce livre clair, synthétique, vivant, qui conjugue avec bonheur science et sourire. Vous y apprendrez sans efforts par quels hasards, traits de génie, intuitions, déductions, expérimentations, débats, les hommes en sont arrivés à connaître le monde tel qu'ils le connaissent aujourd'hui. Tout y est (ou presque) de l'histoire des sciences, de notre planète et de l'univers. Un merveilleux compagnon, dont la lecture devrait être recommandée à tous les collégiens... et à leurs parents !
Ce livre a reçu aux États-Unis, en 2004, le prestigieux prix Aventis du meilleur livre de vulgarisation scientifique et, en 2005, le prix Descartes pour la communication scientifique, qui lui a été décerné par l'Union européenne.
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Ce livre est une pure merveille, à déguster au compte-goutte. Toutes ces questions que nous nous sommes tous posés, mais sans nécessairement chercher les réponses, sont répondues dans ce livre. Et non seulement sont-elles répondues, mais toutes les péripéties qui ont mené à sa réponse sont racontées en détails, le plus souvent de façon humoristique.
Dans Une histoire de tout, ou presque... j'ai rencontré des scientifiques que j'ai adorés, mais encore plus que j'ai détestés et j'ai pleinement réalisé que ceux qui sont récompensés pour leurs «découvertes» sont malheureusement pas toujours ceux qui devraient en recevoir les mérites...
J'ai découvert la Terre avant la vie, la naissance de la vie, les hommes préhistoriques... Les découvertes en astronomie, en géologie, les fossiles... La classification des animaux, des plantes, des champignons, des bactéries... Les tremblements de terre, les éruptions volcaniques... etc, etc.
Quand on y pense, il est bien étonnant que ces 579 pages contiennent autant d'information.
Une histoire de tout, ou presque, est un plaisir dont vous ne devez surtout pas vous priver. Je suis prête à parier que ce livre saura plaire même à ceux qui n'ont pas un intérêt marqué pour la science...
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Quelques extraits:
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Vous avez non seulement été assez verni pour appartenir depuis des temps immémoriaux à une ligne d'évolution favorisée, mais vous avez eu également une chance insolente - voire miraculeuse - dans vos ancêtres personnels. Considérez que pendant 3,8 milliards d'années, soit une période plus ancienne que les montagnes, les fleuves et les océans de la Terre, chacun de vos ancêtres des deux côtés a été assez séduisant pour trouver un(e) partenaire, assez solide pour se reproduire, et assez béni du destin pour avoir le temps de le faire. Aucun de vos ancêtres pertinent ne s'est fait écrabouiller, dévorer, noyer, affamer, aplatir, égorger, blesser mortellement- en bref n'a été détourné d'une façon quelconque de sa quête vitale consistant à déverser au bon moment une petite charge de matériel génétique dans le bon partenaire, afin de perpétuer la seule séquence possible de combinaisons héréditaires qui allait finalement devenir, d'une façon aussi brève que stupéfiante, vous.
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Vous risquez de comprendre tout aussi vite que nos cartes du système solaire n'ont jamais été à l'échelle- loin s'en faut. Les cartes de l'espace montrent en général les planètes tournant l'une derrière l'autre à des intervalles assez voisins- les géantes à l'extérieur se font même de l'ombre sur de nombreuses illustrations-, mais c'est une ruse nécessaire pour les faire tenir sur une seule et même feuille de papier. En fait, Neptune ne se trouve pas juste derrière Jupiter, elle est située bien au-delà- cinq fois plus loin de Jupiter que celle-ci ne l'est de nous, si lointaine qu'elle ne capte que 3% de la lumière solaire que reçoit Jupiter.En fait les distances sont telles qu'il est impossible dans la pratique de représenter le système solaire à l'échelle. Même en ajoutant des dizaines de feuilles pliées à votre manuel, vous seriez encore loin du compte. Sur une carte à une échelle réduisant la Terre au diamètre d'un petit pois, Jupiter se trouverait encore à plus de 300 mètres de votre livre, et Pluton à 2 km (et de la taille d'une bactérie, de sorte qu'elle serait invisible de tout façon). À la même échelle, Proxima du Centaure, l'étoile la plus proche de nous, se trouverait encore à environ 15 000 km de là. Même en rétrécissant le tout jusqu'à ce que Jupiter soit aussi petite que le point qui termine cette phrase et Pluton pas plus grosse qu'une molécule, celle-ci serait encore éloignée d'une dizaine de mètres.
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Mais le tremblement de terre le plus dévastateur jamais enregistré dans l'Histoire fut celui qui détruisit Lisbonne le jour de la Toussaint 1755. Peu avant dix heures du matin, la ville fut saisie d'un mouvement de tangage, aujourd'hui estimé d'une magnitude de 9, qui la secoua férocement pendant sept bonnes minutes. La force convulsive était telle que l'eau se retira brutalement du port de la ville et revint sous forme d'une vague de 15 mètres de haut. Quand le séisme cessa, les survivants eurent trois minutes pour récupérer avant le second choc, une réplique à peine moins puissante que la première secousse. Une troisième et dernière réplique survint deux heures plus tard. À la fin de la journée, il y avait soixante mille morts et la ville était réduite à un tas de pierres. À titre de comparaison, le tremblement de terre de San Francisco de 1906 faisait 7,8 sur l'échelle de Richter et il dura moins de trente secondes.
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Les propriétés de ces éléments peuvent devenir plus curieuses encore quand ils sont combinés. L'oxygène et l'hydrogène, par exemple, sont deux des éléments les plus combustibles, mais assemblez-les et vous obtenez de l'eau, qui est incombustible. Plus curieuse encore, la combinaison du sodium, l'un des éléments les plus instables, et du chlore, l'un des plus toxiques. Faites tomber un peu de sodium pur dans de l'eau ordinaire et il explosera avec une force suffisante pour vous tuer. Le chlore est encore plus dangereux. S'il est utile à de faibles concentrations pour tuer les micro-organismes (c'est le chlore que l'on sent dans l'eau de Javel), en grands volumes, il est mortel. Le chlore était l'élément de choix des gaz asphyxiants de la Première Guerre mondiale- le gaz moutarde, notamment. Et comme en attestent les yeux rouges des nageurs, le corps de l'humain ne l'apprécie guère, même sous une forme extrêmement diluée. Mais assemblez ces deux dangers publics, et qu'obtenez-vous ? Du chlorure de sodium- le sel de table ordinaire.
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Vous dormiriez peut-être moins bien si vous aviez conscience que votre matelas abrite environ 2 millions d'acariens microscopiques qui viennent dans votre sommeil se régaler de vos fluides sébacés et de ces délicieux fragments de peau bien croustillants que vous abandonnez en dormant. Votre oreiller à lui seul peut en abriter 40 000. (Pour eux, votre tête n'est qu'une énorme sucette.) Et ne croyez pas tout changer avec une taie d'oreiller propre: pour les animaux de la taille des acariens, la trame du tissu humain le plus ferme est comme le gréement d'un navire. Si votre oreiller a six ans (ce qui semble être l'âge moyen d'un oreiller), on a estimé d'un dixième de son poids sera constitué « de peau morte, d'acariens vivants, d'acariens morts et de crottes d'acariens », pour citer l'homme qui a effectué le calcul, le Dr. John Maunder du British Medical Entomology Center. (Mais au moins, ce sont vos acariens. Pensez à ce qui se blottit contre vous chaque fois que vous vous allongez sur un lit de motel).
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L'ADN n'a qu'une seule raison d'être : créer davantage d'ADN. Et vous en avez beaucoup en vous - environ 2 mètres compressés dans presque chacune de vos cellules. Chaque brin d'ADN comporte 3,2 milliards de lettres d'encodage, assez pour offrir 10 à la 3 480 000 000 combinaisons possibles, « garanties uniques selon toutes les probabilités » selon Christian De Duve. Cela fait beaucoup de possibilités, 1 suivi de plus de 3 milliards de zéros. « Il faudrait plus de 5000 livres de taille moyenne pour imprimer ce seul chiffre », précise De Duve. Regardez-vous dans la glace et réfléchissez au fait que vous contenez 10 milliards de millions de cellules, dont la plupart contiennent 2 mètres d'ADN fortement compacté : vous commencerez à saisir combien vous trimballez de ce truc avec vous. Si tout votre ADN était tissé en un seul fil ténu, il serait assez long pour relier la Terre à la Lune non pas une fois, mais des milliers de fois.
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De nombreux autres extraits se trouvent sur Babelio.
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Autre livre de Bill Bryson que j'ai lu
American Rigolos: Chroniques d'un grand pays
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